Paris, le 28 mars 2024.
Cher ami,
Si je ne vous savais pas aussi généreux et compréhensif, je pourrais craindre vos sarcasmes, ou votre colère, ou vos reproches ...
C'est vrai, il y a une éternité que je ne vous ai écrit. Du moins écrit sur le papier car, mille fois, je l'ai pensée, cette lettre.
Mais j'éprouve à l'égard de la correspondance comme une espèce d'horreur, c'est vrai. Pardonnez-moi cette forme surprenante de maladie et témoignez-moi l'indulgence que l'on réserve aux faibles d'esprit.
Voulez-vous savoir ce que nous devenons ? Alors voilà :
Vous poursuivez votre lettre en parlant de votre mari, de vos enfants, de votre travail, de vos affaires, bref, de tout ce qui fait le tissu de votre vie. Ne craignez pas de donner des détails ; votre long silence les a rendus nécessaires. Soyez drôle, ironique ou émouvante ; ce qu'il faut, n'est-ce pas, c'est vous faire pardonner.
Pour terminer la lettre :
Je suis sûr de n'avoir pas fait appel en vain à votre compréhension. Je me sens, je me sais pardonné. Vous me prouverez que je ne me suis pas trompé en m'écrivant à votre tour ... très vite. J'ai hâte de savoir ce que vous devenez. C'est vrai et vous devez me croire.